Le 8, 10 et 12 janvier ont eu lieu les nouvelles audiences du procès contre Ahmed H., condamné en Hongrie fin 2016 à dix ans de réclusion pour "terrorisme". Un représentant du FCE était présent sur place en tant qu'observateur international. (The article was originally published in Archipel) Pour comprendre le procès, il faut connaître l'historique. Nous nous souvenons de l'été 2015 : des centaines de milliers de personnes, venues principalement de la Syrie en guerre, fuient par la route des Balkans en direction de l'Europe du Nord et de l'Ouest. Le 15 septembre, la Hongrie, pays de passage, installe des barbelés à la frontière avec la Serbie, déclare l'état de crise et modifie le même jour le droit d'asile et le Code pénal. Depuis cette révision, "l'entrée illégale" est punie jusqu'à trois ans de réclusion et le "passage illégal" de la frontière pendant une émeute est sanctionné jusqu'à 5 ans de prison. Le passage de la frontière avec la Serbie à Röszke, où plusieurs milliers de personnes par jour pouvaient auparavant entrer en Europe, est fermé du jour au lendemain. Environ 2 000 réfugiés restent sur place. C'est pourquoi le 15 septembre des protestations ont commencé contre ce nouveau régime des frontières instauré subitement, et se sont poursuivies les jours suivants. Des affrontements ont eu lieu avec les forces de police déployées massivement, qui employèrent gaz lacrymogènes, matraques et canons à eau sur la foule, sans ménagement pour les personnes âgées et les enfants. Pour comprendre le procès, il faut connaître l'historique. Nous nous souvenons de l'été 2015 : des centaines de milliers de personnes, venues principalement de la Syrie en guerre, fuient par la route des Balkans en direction de l'Europe du Nord et de l'Ouest. Le 15 septembre, la Hongrie, pays de passage, installe des barbelés à la frontière avec la Serbie, déclare l'état de crise et modifie le même jour le droit d'asile et le Code pénal. Depuis cette révision, "l'entrée illégale" est punie jusqu'à trois ans de réclusion et le "passage illégal" de la frontière pendant une émeute est sanctionné jusqu'à 5 ans de prison. Le passage de la frontière avec la Serbie à Röszke, où plusieurs milliers de personnes par jour pouvaient auparavant entrer en Europe, est fermé du jour au lendemain. Environ 2 000 réfugiés restent sur place.
C'est pourquoi le 15 septembre des protestations ont commencé contre ce nouveau régime des frontières instauré subitement, et se sont poursuivies les jours suivants. Des affrontements ont eu lieu avec les forces de police déployées massivement, qui employèrent gaz lacrymogènes, matraques et canons à eau sur la foule, sans ménagement pour les personnes âgées et les enfants. Terrorrisme en hongrois Au total 11 personnes seront arrêtées : les "Röszke 11", dont Ahmed H., qui accompagnait alors ses parents et d'autres membres de sa famille fuyant Alep dans le but de rejoindre l'Allemagne. Il est d'origine syrienne mais vit avec sa femme et ses enfants à Chypre, ce qui fait de lui un citoyen européen. Les "Röszke 11" — entre autres un jeune homme en fauteuil roulant, ansi que la mère d'Ahmed H., âgée et malade — sont accusés d'avoir traversé la frontière illégalement pendant les émeutes. Ahmed H. est de surcroît mis en examen sous couvert de la loi antiterrorriste pour avoir parlé dans un mégaphone, posé un ultimatum à la police en faisant un signe "V" avec deux doigts tendus et jeté des objets sur la police. La Hongrie possède une définition bien spéciale du terrorrisme : pour commettre un acte terrorriste, il suffit qu'une revendication contre l'État, ici le passage de la frontière, soit liée à une menace, ici le prétendu ultimatum ou plutôt le jet d'objet. Comme le relève une membre des Juristes démocrates de Suisse (JDS), observatrice au procès : "Comme musulman, Ahmed H. est vite stilisé devant la justice et devant la société comme islamiste radical, et cela – dans un discours chargé de racisme – sert de justification à la prétendue menace pesant sur la société majoritaire par les réfugiés et les migrants." (1) Condamnation et recours Ahmed H. sera condamné le 30 novembre 2016 à dix ans de prison, lors d'un procès en comparutiuon immédiate, sans preuves et assorti d'une campagne de diffamation dans les médias. Il fait appel de même que le procureur, qui demande une augmentation de la peine de plus de dix-sept ans. Lors de l'audience d'appel en juillet 2017, la procédure sera renvoyée en première instance pour etre rejugée, car trop de questions sont encore à éclaircir et quelques éléments de preuves existants n’étaient pas pris en compte. La cour d'appel décide dans la foulée de maintenir l'accusé en détention provisoire. C'est ainsi qu 'il croupit en prison depuis presque deux ans, où il est soumis à une sévère restriction de contact. Il ne peut ni écrire ni recevoir de courrier, et la majorité des demandes de visites sont rejetées. L'observatrice suisse tire ce bilan: "Au-delà de la procédure concrète, la détention provisoire sur le long terme envoie deux messages: vers l'intérieur, c'est une démonstration de force, vers l'extérieur, une dissuasion." (2) Les nouvelles audiences ont eu lieu en octobre et novembre 2017 puis à nouveau en janvier 2018. Observation du procès Au nom de la Fédération européenne des radios libres (FERL) et du Forum civique européen (FCE) je me suis rendu en tant qu'observateur aux audiences du 8, 10 et 12 janvier 2018. Une vingtaine de personnes ont pris place dans la petite salle du tribunal de la ville de Szeged au sud de la Hongrie, près de la frontière serbe : pour la plupart des jeunes gens du comité international "Free the Rözske" qui se sont solidarisés depuis le début avec Ahmed H. et sa famille, deux représentants d'Amnesty international, une avocate des Juristes démocrates de Suisse (JDS) et une représentante du « Komitee für Grundrechte und Demokratie » (Comité pour les droits fondamentaux et la démocratie) en Allemagne. Aucune trace des grands médias internationaux, seul un journaliste hongrois travaillant pour la Deutsche Presseagentur (la principale agence de presse de langue allemande) prend des notes. La télévision d'État hongroise en revanche est omniprésente. Elle filme complaisamment dans toute la salle d'audience et livre dès le premier jour du procès — lors duquel Ahmed H. est présenté comme un terrorriste — des images pour le journal télévisé du soir, et ce alors que la procédure n'est pas terminée et que la présomption d'innocence a toujours cours. Le vice-président du gouvernement nationaliste d'extrême droite de Viktor Orban justifie cela en présentant Ahmed H. comme un protagoniste du plan dit de Soros. Le gouvernement défend en effet la théorie conspirationniste selon laquelle le milliardaire américain George Soros, juif d'origine hongroise, encouragerait avec le concours de l'Union européenne l'immigration de masse vers l'Europe, pour créer une société multiculturelle et ainsi déstabiliser l'Occident. L'interrogatoire Pendant les deux premiers jours du procès, des extraits vidéo des émeutes de septembre 2015 à la frontière sont présentés. Le juge les passe en revue cherchant scrupuleusement les images d'Ahmed H. et l'interroge en détail avec l'aide d'un traducteur en arabe; une facon de procéder plus correcte que celle du juge de la première audience entre-temps remplacé. Le cadre reste néanmoins très oppressant (voir la prise de position en bas). L'accusé ne cesse d'affirner avoir appelé au dialogue et non à la violence. Il ne nie pas avoir jeté deux pierres, dans un moment de colère, mais dans quelle direction, cela n'est pas clair. Ahmed H. apparaît coopératif, ce qui ne correspond en aucune manière à l'image qui a été donnée de lui par la propagande du gourvernement Orban. Le troisième jour du procès se finit abruptement à midi. Le juge annonce que les prochains jours d'audience sont fixés au mois de mars 2018, les parties s'accordent finalement sur le 14 et le 19 mars. Ces trois jours n'ont toujours pas réussi à établir des preuves de terrorisme — un fait positif — mais il reste le goût amer d'un procès qui s'éternise. Ahmed doit attendre deux mois de plus en prison et aucune issue n'est en vue. Début avril 2018 se déroulent les élections nationales en Hongrie. Le gouvernement a encore besoin de "dangereux terrorristes" pour faire oublier les vrais problèmes du pays : chômage, pauvreté, émigration. Michael Rössler, FERL et FCE Appel : nous cherchons des observateurs internationaux pour les audiences du 14 et du 19 mars 2018. Un enregistrement préalable auprès du tribunal est nécessaire. Nous pouvons vous informer plus précisément. Prenez contact avec nous : Forum Civique Européen, Case postale, CH-4001 Bâle, Email: [email protected] Notes (1) Demokratische Jurist_innen der Schweiz: „Ungarn: Terrorvorwurf nach Grenzübertritt – Verfahren geht in die zweite Runde“, Berne, juillet 2017. Beaucoup d'informations présentes dans l'article sur le contexte proviennent de ce texte. (2) Autre source "Hongrie : La situation des migrant.es et demandeur/euses d'asile", Archipel Nr. 265, décembre 2017. Pour plus d'informations : www.freetheroszke11.weebly.com Prise de position quant au procès d‘Ahmed H. de 8, 10 et 12 Janvier 2018 à Szeged (Hongrie) J‘assiste au procès d‘Ahmed H. en tant qu‘observateur international, et une impression de cauchemar kafkaien m‘habite dès la première journée. L‘accusé entre dans la salle escorté de deux policiers anti-terroristes, vêtus de noir et cagoulés. Il porte des menottes, une laisse tenue par l‘un des policiers ainsi que des entraves aux pieds. Les menottes lui seront retirées une fois assis, mais ni l‘entrave, ni la chaine, et les deux policiers se tiennent de part et d‘autre d‘Ahmed H. durant toute la durée du procès. Depuis son arrestation en septembre 2015, et sans preuve tangible, “terroriste“ est le terme qu‘on utilise pour le désigner – une conduite contredisant toute valeur humaine ou éthique de la part du gouvernement, de son administration et de ses médias. En tant qu‘observateur, je peux que retenir cette impression de procès-spectacle tentant de justifier la politique isolatoire de la Hongrie en criminalisant les migrant-e-s. En 1956, après la répression sanglante du soulèvement populaire, des dizaines de milliers de personnes avaient dû fuir la Hongrie en quête de nouvelle existence et ils trouvèrent des bras ouverts. C‘est sûrement ce qui me choque le plus, que le gouvernement d‘un pays ayant connu des telles difficultés refoule les réfugiés, les maltraite et les étiquette de criminels et de terroristes. Ahmed H. a accompagné des membres de sa famille hors de la Syrie et de ses zones de combats. Ni la fuite, ni l‘aide aux réfugiés ne sont un crime. J‘espère ainsi qu‘Ahmed H. retrouvera au plus vite sa liberté ainsi que sa femme et ses enfants. Szeged, le 10 Janvier 2017 Michael Rössler Fédération Européenne des Radios Libres (FERL), France Forum Civique Européen, Suisse Comments are closed.
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